
La Naturopathie
Qu’est-ce que la naturopathie ?
Delphine Masson. La naturopathie, c’est l’art de maintenir, de retrouver ou d’accroître la santé par des moyens exclusivement naturels. Elle a été reconnue en 1997 par le Parlement européen comme une médecine non conventionnelle et par l’OMS en 2001 comme une médecine traditionnelle au même titre que l’Ayurveda ou que la médecine chinoise.
Le naturopathe est donc un médecin ?
D.M. Non, le terme de médecine traditionnelle peut en effet prêter à confusion. Pour beaucoup, le naturopathe est celui qui soigne par les plantes mais la Fédération Nationale des Naturopathes est très claire : le naturopathe ne prescrit pas d’ordonnance ni de traitement médical. Je préfère d’ailleurs parler de bien-être plutôt que de santé pour éviter toute confusion.
Que fait alors le naturopathe ?
D.M. C’est avant tout un éducateur de santé qui agit en prévention pour éviter aux individus de tomber malades. Si c’est le cas, la naturopathie pourra augmenter leur qualité de vie et leurs chances de guérison en complément de la médecine conventionnelle. On parle ainsi de médecine complémentaire. Sa connaissance du fonctionnement et des dysfonctionnements du corps humain lui permet d’établir des programmes d’hygiène de vie sur mesure, facteurs de santé. Ses atouts : rechercher la cause de la cause des dysfonctionnements ; faire du sur mesure en donnant des conseils personnalisés ; appréhender l’individu dans sa globalité en tenant compte du corps mais aussi de l’esprit (voir encadré sur les cinq fondements de la naturopathie).
En quoi la nature intervient-elle dans son expertise ?
D.M. La naturopathie s’appuie sur les capacités naturelles d’auto guérison du corps. L’organisme d’un être humain détient en effet la capacité, l’intelligence et le pouvoir de se défendre et de s’équilibrer par lui-même. Pour cela, il lui faut une énergie vitale suffisante. La naturopathie va donc chercher à ne pas l’entraver - « D’abord ne pas nuire » disait Hippocrate - puis elle va chercher à la conserver et à la renforcer par des techniques naturelles dont trois majeures : l’alimentation, l’exercice physique et la gestion psycho-émotionnelle (voir encadré).
Comment se déroule une consultation ?
D.M. Pour ma part, je propose, d’emblée, une consultation en deux temps en présentiel ou en visio. Premier temps : un rendez-vous d’écoute et d’exploration de 60 minutes qui s'appuie, entre autres sur une analyse morphologique. C’est l’occasion d’explorer les problématiques, les habitudes de vie, l’alimentation ou encore la qualité du sommeil du consultant.
Elle est suivie, dans la foulée (trois jours après), d’une autre consultation de 60 minutes par téléphone ou par visio. Il s’agit, cette fois, de prendre le temps de faire de la pédagogie sur l’origine d’un dysfonctionnement : acné, thyroïde, ostéoporose, tendinite, cystite, troubles digestifs… L’expérience montre qu’il existe un vrai déficit de connaissance sur le fonctionnement et les besoins du corps humain. Or c’est un préalable indispensable pour appliquer les conseils d’hygiène de vie qui seront alors donnés lors de cette seconde consultation. Enfin, le changement est difficile : certains ressentent le besoin d’être motivés et soutenus. C’est pourquoi je propose également des séances de coaching.
Les consultations sont-elles remboursées ?
D.M. Certaines mutuelles remboursent aujourd’hui partiellement ou totalement les consultations. La liste est disponible sur le site du syndicat professionnel de la naturopathie. Avec la montée des maladies chroniques, du stress et des troubles de l’alimentation – et du trou de la sécurité sociale ! -les approches naturelles et préventives sont en effet plébiscitées. La complémentarité avec la médecine allopathique, dans une approche intégrative, me semble être l’avenir du secteur de la santé.
Les techniques de la naturopathie
Il en existe dix, regroupées en techniques majeures et techniques secondaires :
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L’alimentation : adaptée, vivante, hypotoxique.
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L’exercice physique : pour activer les émonctoires et équilibrer le système nerveux.
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La gestion psycho-émotionnelle : relaxation, respiration, accompagnement du stress.
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L’hydrologie (usage de l’eau, bains, douches, etc.)
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Les techniques respiratoires (cohérence cardiaque, yoga respiratoire)
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La phytologie (plantes, tisanes, aromathérapie…)
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Les techniques manuelles (massages, réflexologie…)
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Les techniques énergétiques (magnétisme, reiki… selon les formations)
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La réflexologie (plantaire, palmaire, auriculaire)
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Les techniques vibratoires (sons, couleurs, lumière…)
Les cinq piliers de la naturopathie
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Le vitalisme : croire en une force vitale qui anime et régule le corps.
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Le causalisme : rechercher et traiter la cause des troubles, plutôt que les seuls symptômes.
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L’humorisme : la santé dépend de la qualité des humeurs (liquides du corps comme le sang, la lymphe...).
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L’hygiénisme : la santé s’entretient par une hygiène de vie adaptée à nos besoins physiologiques.
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L’individualisation : chaque personne est unique ; les conseils doivent être personnalisés.
Un peu d’histoire
Le terme de naturopathie a été popularisé au XIXe siècle, notamment dans les pays anglo-saxons. Il est construit à partir du latin natura (la nature) et du grec pathos (la souffrance, le ressenti) mais aussi de l’anglo-saxon nature (nature) et path (chemin). Il signifie donc : « le chemin de la nature pour faire face à la souffrance ».
Hippocrate (460–377 av. J.-C.), considéré comme le père de la médecine occidentale, a profondément marqué l’approche naturopathique qui a repris sa théorie des « humeurs ». Selon elle, la maladie est l’expression d’un déséquilibre des liquides de l’organisme qui nourrissent les cellules (sang, lymphe, liquide intra et extracellulaire). On dit encore aujourd’hui que nous sommes de « mauvaise humeur ». Leur pureté sera préservée grâce à une bonne hygiène de vie, ce qui passe notamment par une alimentation saine et nutritive. « Que ton alimentation soit ta première médecine », disait Hippocrate.
Cette approche a été partagée et enrichie par de grands hygiénistes, américains et allemands entre autres, partisans d’une santé au naturel. En France, c’est le biologiste Pierre-Valentin Marchesseau (1911 – 1994) qui est considéré comme le père de la naturopathie contemporaine : il a fait la synthèse des meilleurs penseurs et praticiens de l’éco-santé à travers le monde occidental.
La naturopathie est donc à la croisée de l’Antiquité, des États-Unis et de l’Europe des XIXe et XXe siècles.


